Omnibus pour le monde des affaires et de la finance
juillet 17, 2025 •ESGeo
Avec l’adoption de la directive « Omnibus », l’Union européenne introduit une révision significative de la trajectoire de mise en œuvre de la directive sur la publication d’informations en matière de durabilité des entreprises (CSRD – Corporate Sustainability Reporting Directive), visant à rendre le reporting ESG (environnemental, social et de gouvernance) plus accessible, proportionné et centré sur la qualité des données. Cette initiative vise à simplifier les obligations des entreprises, en particulier les PME et les entités non cotées, sans compromettre la transparence ni la responsabilité. L’Omnibus instaure une extension progressive de l’application des normes européennes de reporting de durabilité (ESRS – European Sustainability Reporting Normes) et introduit des mesures d’allègement pour toutes les entités assujetties, notamment sur les points de données qualitatifs et moins matériels, afin d’éviter que le reporting de durabilité ne devienne un exercice technique dépourvu de tout impact.
Dans ce contexte, la VSME (Voluntary Sustainability Reporting Standard for non-listed SMEs), élaboré par l’EFRAG, devient un outil stratégique pour les micro et petites entreprises. Ce nouveau référentiel permet de valoriser leurs avancées ESG via une approche simplifiée, en phase avec les exigences du marché et les attentes des chaînes d’approvisionnement plus structurées.
La VSME sert également de point de référence pour les grandes entreprises et les opérateurs financiers qui, en vertu du règlement SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), doivent intégrer des critères ESG dans leurs décisions et exigent de leurs fournisseurs ou clients des données claires et vérifiables. L’effet combiné de ces mesures réglementaires et opérationnelles est double: d’un côté, il allège la charge informationnelle des entreprises moins structurées; de l’autre, il reconnaît les efforts de celles ayant déjà engagé des démarches solides de reporting, des analyses de double matérialité, des cartographies des risques ESG et des définitions d’indicateurs clés de performance stratégiques.
Dans un contexte culturel et politique marqué par un scepticisme croissant à l’égard des politiques de durabilité, souvent critiquées pour leur complexité administrative ou leur idéologie, la nouvelle approche européenne vise à restaurer la confiance et à redonner une dimension concrète et tangible à ces politiques. Paradoxalement, la montée des critiques contre les « excès verts » incite de nombreuses entreprises à renforcer leur engagement de manière plus authentique, en se concentrant sur les impacts réels et l’efficacité des actions.
La Banque Centrale Européenne (BCE) a récemment exprimé, par un avis formel, des préoccupations selon lesquelles une simplification excessive pourrait nuire à la
capacité du système financier à évaluer avec précision les risques environnementaux et climatiques, tout en reconnaissant la nécessité d’un reporting ESG compréhensible, comparable et réellement utile. Cette réflexion inclut également le rôle des consultants et auditeurs qui, en poursuivant un objectif de transparence, ont parfois contribué à complexifier le reporting par la promotion d’indicateurs peu matériels.
La directive Omnibus appelle au contraire à un retour à l’essentiel du reporting ESG: fournir une information pertinente, lisible, liée aux impacts concrets des activités économiques. Pour les entreprises, cette phase représente une véritable fenêtre d’opportunité. Celles qui la saisissent pourront se différencier sur le marché, renforcer leur réputation, améliorer l’accès aux financements liés à la performance ESG, et consolider leurs relations avec leurs parties prenantes stratégiques. En ce sens, le référentiel VSME peut devenir un catalyseur de transparence et de cohérence au sein des chaînes de valeur, en promouvant un équilibre entre simplicité et exhaustivité. Les entreprises qui adoptent une approche pragmatique, centrée sur la matérialité et accompagnée de partenaires compétents, seront les premières à tirer parti d’une durabilité plus mature, efficace et intégrée au cœur du modèle économique. En résumé, la durabilité, libérée des excès formels, revient à l’essentiel: un levier de création de valeur, de résilience et de confiance.